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TOTAL: TOTAL-EMENT ACCRO AU GAZ ?

Total, le géant français des énergies fossiles, s’est lancé dans une offensive de lobbying à grande échelle pour promouvoir le gaz, y compris les gaz non conventionnels extraits au moyen de la fracturation hydraulique, comme solution au changement climatique. Il n’hésite pas à recourir à des tactiques insidieuses, comme de prendre le contrôle des principales associations professionnelles européennes des énergies renouvelables pour les miner de l’intérieur. Miser sur le gaz ne fera qu’enfermer l’Europe dans la dépendance envers les énergies fossiles, en détournant les investissements qui devraient profiter à la production délocalisée d’énergies renouvelables locales et à l’efficacité énergétique.

De plus en plus mis en cause pour leur responsabilité écrasante dans les émissions globales de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique qui en découle, les mastodontes des énergies fossiles comme Total cherchent désespérément des moyens de verdir leur image, à défaut d’améliorer leurs pratiques. À travers une grande campagne de lobbying et de communication publique, Total s’efforce désormais de transformer l’image du gaz, source d’énergie sale directement liée à la crise climatique, qu’elle présente comme « la plus propre des énergies fossiles ».

Pages de publicité, tribunes dans les grands médias, événements comme la Conférence mondiale du gaz [1], sponsorisée par Total et Engie… rien n’est de trop pour célébrer les vertus du gaz. Dans une lettre ouverte publiée par le Financial Times, Total et d’autres majors pétrolières pressent les gouvernements de s’accorder sur « des actions décisives » lors de la COP21 – pourvu qu’ils reconnaissent « le rôle vital du gaz ». Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ?

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Travail de sape contre les énergies renouvelables

Derrière le plaidoyer de Total sur le « rôle vital du gaz », il y a en fait la volonté d’enfermer l’Europe dans 50 années supplémentaires de consommation d’énergies fossiles, tout en préservant ses profits. L’engouement de Total pour le gaz n’est pas l’expression d’une soudaine préoccupation pour la crise climatique, mais qu’une défense de ses propres intérêts. Le but de l’entreprise est d’assurer la préservation de son fonds de commerce pour les décennies à venir – en détournant les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et en empêchant toute authentique transition énergétique.

De fait, en s’infiltrant à la tête des deux principales associations professionnelles des énergies renouvelables en Europe, Total a réussi à saper de l’intérieur la croissance de l’éolien et du solaire [2]. Total détient deux sièges, dont celui de président, au conseil d’administration de l’European Photovoltaic Industry Association (EPIA), censée promouvoir l’énergie solaire – quand bien même ses propres investissements dans le solaire sont marginaux par rapport à ceux dans le pétrole et le gaz. Elle occupe également un siège, aux côtés de plusieurs majors des énergies fossiles, au conseil d’administration de l’European Wind Energy Association (EWEA), chargée de promouvoir la cause de l’éolien – un secteur dans lequel Total n’a strictement aucun investissement !

L’infiltration de Total dans les associations professionnelles des renouvelables n’a qu’un objectif : faire la promotion du gaz comme complément « naturel » aux sources renouvelables, tout en minimisant délibérément la possibilité à court terme de se passer entièrement des combustibles fossiles. Avant que Total et les autres géants de l’énergie ne rejoignent l’EWEA, par exemple, cette association plaidait pour un mix électrique entièrement basé sur les renouvelables en Europe dès 2030. Mais l’année dernière, pendant la discussion du paquet énergie-climat de l’Union européenne, l’EWEA n’a défendu qu’un objectif contraignant de 45% de renouvelables dans le mix électrique. Finalement, suite à l’opposition des représentants de Total et des autres entreprises investies dans les fossiles, cette position fut encore rabaissée, à 30% [3].

Les (sales) affaires continuent

Non contente de saper le secteur des renouvelables de l’intérieur, tout en se présentant comme « engagée pour une énergie meilleure », Total continue à faire pression de manière souterraine contre toute action effective en matière de climat et contre la régulation de l’industrie pétrolière et gazière. Total est un membre actif de plusieurs associations et lobbies comme BusinessEurope, CEFIC (Conseil européen de l’industrie chimique), FuelsEurope, Eurogas et l’Association internationale des producteurs de pétrole et de gaz (OGP) – qui ont toutes été critiquées pour leur lobbying contre tout objectif européen ambitieux dans le domaine du climat [4]. Total déclare déjà plus de 2,5 millions d’euros de dépenses directes de lobbying à Bruxelles, et y emploie 7 lobbyistes à plein temps. Elle est en mesure de pousser les mêmes messages à travers des associations professionnelles qui disposent elles aussi de budgets de lobbying se chiffrant en millions d’euros et de douzaines de lobbyistes – sans parler de l’accès privilégié de Total au gouvernement français. Pour ces raisons, Total a récemment reçu la mauvaise note D pour ses positions régressives sur le climat et son implication active dans des lobbies opposés à toute action dans ce domaine [5].

Malheureusement, la stratégie choisie par Total a payé. Le lobbying des géants du pétrole et du gaz a poussé l’Union européenne a abandonner tout objectif contraignant en ce qui concerne la part des renouvelables dans le mix énergétique, ainsi qu’en matière d’efficacité énergétique. Pire encore, Total et l’industrie gazière ont mis à profit le spectre d’une hypothétique menace russe sur la sécurité d’approvisionnement de l’Europe pour attirer encore davantage de subventions publiques pour de grandes infrastructures gazières comme les terminaux méthaniers et les gazoducs, en contradiction totale avec les objectifs climatiques de l’Union européenne [6].

Enfermer l’Europe dans un avenir fossile ?

Le gaz demeure une source d’énergie fossile, et il doit rester dans le sol si l’Europe entend réellement limiter le réchauffement global en deçà de 2ºC [7]. L’extraction du gaz a des impacts environnementaux directs potentiellement aussi graves que ceux du pétrole. Les forages gaziers de Total dans l’Egiland au Nigeria, par exemple, entraînent des pollutions et des fuites de gaz permanentes, et ont occasionné une explosion destructrice en 2012 [8]. Le gaz, ce sont aussi les gisements non conventionnels exploités au moyen de la fracturation hydraulique, que Total développe aux États-Unis et dans des pays comme l’Argentine, l’Australie, l’Algérie et le Royaume-Uni [9]. La fracturation hydraulique entraîne une pollution des eaux souterraines, de sérieux impacts sanitaires, l’aggravation du risque sismique , des fuites de méthane et, au final, des émissions de carbone significativement supérieures à celles des autres sources fossiles, même le charbon [10].

Et bien entendu, pendant que Total pousse le gaz et vante les vertus de la « plus propre des énergies fossiles », elle continue à injecter des milliards de dollars dans les autres sources fossiles, y compris les plus sales ou les plus risquées d’entre elles, comme les sables bitumineux et l’extraction offshore non conventionnelle. Plutôt que de croire au marketing gazier de Total, il est temps d’en finir avec toutes les énergies fossiles, avant qu’elles n’en aient fini avec le climat.

RÉFÉRENCES

[1] http://www.wgc2015.org/. Voir la campagne publicitaire « Engagé pour une énergie meilleure » : http://campaign-kit.total.com/campaign

[2] http://www.theguardian.com/environment/2015/jan/22/fossil-fuel-firms-accused-renewable-lobby-takeover-push-gas

[3] http://www.theguardian.com/environment/2015/jan/22/fossil-fuel-firms-accused-renewable-lobby-takeover-push-gas

[4] BusinessEurope, budget de lobbying de 4-4,25 millions d’euros, 29 employés : http://www.businesseurope.eu/. Cefic, budget de lobbying de 10.1 millions euros, 74 employées : http://www.cefic.org/. FuelsEurope, budget de lobbying de 1,25-1.5 millions d’euros, 15 employés : http://www.fuelseurope.eu/. Eurogas, budget de lobbying de 825 000 euros, 6 employés : http://www.eurogas.org/. International Association of Oil & Gas Producers, budget de lobbying de 1,8 million d’euros, 10 employés : http://www.iogp.org/.

http://www.psi.org.uk/pdf/2015/PSI%20Report_Lobbying%20by%20Trade%20Associations%20on%20EU%20Climate%20Policy.pdf

[5] http://influencemap.org/

[6] http://bankwatch.org/news-media/for-journalists/press-releases/dr-jekyll-and-mr-hyde-energy-union-torn-between-clean-ener ; http://bankwatch.org/news-media/blog/natural-gas-left-right-and-centre-energy-union-conference-riga ; http://www.euractiv.com/sections/energy/eu-millions-go-gas-infrastructure-despite-regulation-309650.

[7] Il est généralement accepté que 80% des réserves connues d’énergies fossiles, gaz, pétrole et charbon, ne peuvent pas être brûlées si le monde veut maintenir les températures globales en deçà de la limite de sécurité acceptée de 2ºC de réchauffement.

[8] Voir le Rapport spécial sur les impacts de Total en Egiland : http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/rapport_special_-_impact_de_total_en_egiland_-_fr.pdf; http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/rapport_nigeria.pdf

[9] Voir le rapport Repousser les limites – la ruée vers les gaz et huiles de schiste en Patagonie argentine: http://www.amisdelaterre.org/rapportargentine

[10] Voir : http://www.amisdelaterre.org/La-frenesie-des-gaz-de-schiste-une.html

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